Une famille et 300 ans de viticulture         

Les premiers documents relatant l’histoire de la famille Leflaive datent de l’année 1717. Autrefois déjà, le domaine se développait bien, mais au fil du temps le droit successoral coutumier en Bourgogne réduisit de plus en plus les surfaces viticoles, à tel point qu’à la fin du XIXe, Joseph Leflaive hérita d’à peine plus de 2 hectares. Il s’est d’abord peu préoccupé de viticulture car à l’époque il faisait carrière dans la construction navale. Alors qu’après la crise du phylloxera de nombreuses parcelles furent vendues à bas prix, Leflaive investit dès 1965 dans de nouveaux vignobles et agrandit ainsi le bien de 25 hectares environ. Puis il entreprit un vaste programme de replantation, avec des cépages nobles mieux adaptés et commença alors à commercialiser ses propres vins.

A partir de 1953, ses fils Vincent et Joseph Leflaive ont marché sur ses pas et hissé le domaine au firmament de la Côte de Beaune. En 1973, marqua une étape importante lorsque fut conclu un accord familial destiné à éviter le morcellement par héritage et dans lequel tous les membres de la famille acceptaient de louer à long terme leurs vignes au domaine. En 1990, Anne-Claude Leflaive, la fille de Vincent, prit la direction du domaine avec son cousin Olivier Leflaive. Et comme Olivier peu de temps après, s’engageait dans une maison de négoce de vin renommée, Anne-Claude Leflaive désormais dirigea seule le domaine. Elle fut une des premières femmes en France à convertir le domaine en biodynamie, fermement convaincue que les grands vins de garde ne peuvent naître que d’un vignoble vivant - une décision visionnaire qui a donné aux vins haut de gamme produits jusque-là, une impulsion qualitative supplémentaire. Depuis avril 2015, son neveu Brice de la Morandière lui succède à la tête du domaine qu’il gère avec le même esprit ; entouré de son équipe, il produit année après année, des Bourgognes blancs extraordinaires, qui comptent incontestablement parmi les meilleurs vins du monde.

Grands terroirs, grands vins

Comme c’est le cas pour d’autres Grands Crus de classe mondiale, le secret de l’exceptionnelle qualité des vins du domaine Leflaive ne relève pas d’une formule magique secrète. Les grands vins sont toujours l’œuvre conjuguée de personnalités vigneronnes fascinantes, d’un travail artisanal précis et de vignobles particuliers. Et le terroir de la famille Leflaive est vraiment fantastique. La région de Beaune à Puligny-Montrachet, avec ses pentes orientées sud-est et ses sols majoritairement de calcaire jurassique et de marnes, est à juste titre réputée dans le monde entier pour ses chardonnays à la fraîcheur minérale étoffée d’un fruit délicat et d’un fondant doux.

Et comme le domaine Leflaive profite d’une situation princière, à savoir qu’il possède des emplacements dans les vignobles les plus prestigieux de la Côte d’or, on pourrait presque dire qu’en cave il n’y a plus qu’à préserver la qualité héritée du terroir. Car la plus grande partie des 22 hectares de vignes se répartit sur des Premiers Crus renommés, tels par exemple Les Faitières et Les Pucelles ou des Grands Crus comme Bâtard-Montrachet, Chevalier-Montrachet et Le Montrachet. Cependant le terroir n’est que le commencement - si le moment de la récolte n’est pas le bon ou si la vinification en cave manque de précision, alors le meilleur vignoble ne sert à rien.

C’est pourquoi dans les vignes comme dans la cave, le travail est axé sur la recherche systématique de la plus haute qualité, et l’attention focalisée sur de nombreux et importants détails. A la récolte à la main sélective, succèdent un pressurage doux puis une fermentation lente. Afin que la richesse aromatique du moût ne soit pas dépréciée, il n’est pas filtré comme c’est usuel dans de nombreux autres établissements viticoles. Durant l’élevage la famille Leflaive fait preuve de beaucoup patience comme de maîtrise dans l’utilisation du bois - la quantité de pièces neuves est par principe assez réduite, seuls les Grands Crus s’attardent un peu plus dans le bois neuf. Au terme d’une année de mûrissement en futs de chêne, ces vins légendaires reposent encore six mois en cuves d’acier pour affinage et harmonisation, avant d’être mis en bouteille pour un longue vie.