Christoph Schwegler

Christoph Schwegler, directeur de la Staatskellerei Zürich, et le maître de chai Jan Amann misent avec passion sur la viticulture biodynamique. Malgré les défis climatiques, ils créent des vins de caractère - le bio est pour eux un élément central de l'avenir de la viticulture.

Christoph Schwegler est un ardent défenseur de la viticulture biologique et biodynamique, un homme qui met tout son cœur et sa conviction à l’ouvrage pour faire avancer la transition dans le vignoble. Dans cet entretien, il parle de la motivation derrière cette démarche, des défis du climat zurichois et du grand potentiel que recèlent les vins biologiques. Parmi la centaine de vigneronnes et vignerons avec lesquels il travaille, certains sont déjà entièrement passés aux méthodes biologiques ou biodynamiques. Un processus que Christoph Schwegler soutient activement et accompagne avec beaucoup d’engagement. Son objectif: susciter et maintenir une prise de conscience croissante en faveur d’une gestion des vignobles durable et tournée vers l’avenir.

Aux prémices du voyage

«Notre histoire biologique n’a pas commencé par un seul moment décisif», raconte M. Schwegler. «Il s’agissait plutôt d’un enchaînement de nombreux petits événements et, surtout, d’un processus qui s’est consolidé sur plus d’une décennie.» L’objectif était clair: jouer un rôle de précurseur et inspirer les autres. En effet, le changement climatique et ses événements météorologiques extrêmes rendent cette étape indispensable pour un avenir durable.

Avec le soutien du pionnier de la bio, Valentin Plattner, et du domaine Gut Rheinau, qui exploite le vignoble de Chorb exclusivement en biodynamie, cet engagement porte déjà ses fruits. «Nous avons pu créer une ligne biodynamique bien établie. Cela incite également d’autres personnes à emprunter cette nouvelle voie.» Avec les vins biodynamiques Solaris – du nom du cépage éponyme résistant aux maladies fongiques – et Lunaris en particulier, dont les noms évoquent quasi à eux seuls l’approche respectueuse et durable de la viticulture et témoignent clairement de l’engagement en faveur de la biodynamie, la Staatskellerei Zürich y est parvenue avec succès.

  • Staatskellerei Zurich

La bio n’est pas une sinécure

L’agriculture biologique et biodynamique est loin d’être une chose facile, surtout dans une région comme Zurich, qui se trouve dans une zone tempérée. Les périodes humides et les précipitations prolongées constituent un terrain idéal pour les attaques de champignons, en particulier du mildiou, qui pose toujours de grands défis. «Les possibilités offertes par les produits autorisés sont limitées, ce qui rend le travail extrêmement exigeant», explique M. Schwegler. À cela s’ajoutent les parasites, qui ne peuvent être combattus que par des mesures saines, par exemple avec des insectes utiles comme l’ichneumon. Cela se répercute aussi souvent sur le rendement, qui peut baisser jusqu’à 30%, ce qui rend la fastidieuse gestion de la haie foliaire coûteuse et chronophage.

Le travail quotidien dans les vignes s’en trouve fortement modifié. «Il y a tout simplement beaucoup plus à faire en viticulture biologique», explique Christoph Schwegler. Les remèdes naturels, comme le cuivre et le soufre, nécessitent plus de pulvérisations pour être efficaces. L’observation permanente de la météo, l’entretien intensif du sol et un sens aigu de la végétalisation du vignoble sont impératifs. «Il faut ici trouver un juste milieu: avoir suffisamment de végétation pour éviter l’érosion, mais aussi laisser entrer l’air dans le sol.» Sans oublier la charge administrative liée à la bureaucratie et à la documentation nécessaires pour les certificats bio, qui est souvent sous-estimée.

  • Vignoble Chorb

    Vignoble de Chorb

    Le vignoble de Chorb est géré en biodynamie par le domaine Gut Rheinau, conformément aux normes particulièrement strictes de la certification Demeter. L’accent est mis sur une gestion durable de la nature et une relation étroite avec la vigne.

Biodynamie: une expérience palpable

La bio se ressent-elle vraiment dans le vin bio? «Pour faire court: oui, parfois», dit M. Schwegler en riant. «Le goût naît surtout dans le vignoble et se fait le reflet authentique du terroir.» Les vins biodynamiques ont une particularité: «La bio ne peut pas toujours être saisie directement, mais on peut vraiment la ressentir – en tant qu’expérience et en tant que lien entre la nature et l’humain.»

Certains diront que la bio n’est qu’un argument marketing. M. Schwegler rejette toutefois ces accusations avec conviction: «La bio est bien plus qu’un simple label. Les producteurs bio choisissent cette voie par conviction, et non pour l’argent. La charge de travail supplémentaire est énorme. La bio n’a ainsi rien d’une simple vache à lait.» C’est une question d’honneur pour les défenseurs de l’agriculture biologique.

  • Récolte
  • Moutons
  • Biodiversité et nouveaux cépages

    La Staatskellerei Zürich mise également sur la tendance des cépages Piwi (résistants aux maladies fongiques), qui nécessitent moins de protection des cultures. «Le solaris, par exemple, est une variété Piwi», explique M. Schwegler. «Ces cépages sont un élément important pour garantir durablement les rendements et réduire la consommation d’énergie en réduisant le nombre de pulvérisations.» En particulier dans un climat humide, il s’agit d’un véritable progrès et d’une voie durable pour l’avenir. La biodiversité est un autre élément central pour l’avenir. «Elle constitue la base de nos vignobles», déclare Christoph Schwegler. Des moutons paissent dans les vignobles, tandis que des nichoirs et des hôtels à abeilles offrent un abri aux insectes utiles. Cette diversité naturelle protège des nuisibles et de l’érosion, formant une symbiose vivante qui va bien au-delà de la simple culture de vignes.

Quel est l’avenir des vins biologiques et biodynamiques?

Et comment le directeur de la Staatskellerei Zürich voit-il l’avenir de la viticulture ainsi que des vins biologiques et biodynamiques? «Il est clair que toute prévision reste encore impossible aujourd’hui. La bio ne restera cependant pas une petite niche: elle deviendra de plus en plus importante», affirme-t-il avec assurance. L’opinion publique à l’égard des produits phytosanitaires évolue rapidement, la société accepte et exige des approches durables. «J’espère sincèrement qu’un nombre croissant de personnes découvriront l’attrait de la bio. La jeune génération en particulier, qui se passionne pour l’histoire derrière le vin, est considérée comme une force motrice à cet égard.» Bien entendu, le marché reste complexe et la crainte d’une perte de rendement freine encore la transition. Mais pour Christoph Schwegler, une chose est sûre: la viticulture biologique et biodynamique n’est pas une tendance, c’est l’avenir.